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Un livre posthume, un désir réalisé

Le journal de Clémentine

Une idée chez Clémentine est par définition bien arrimée à son esprit. Elle voulait au départ, on l’a dit, écrire un livre. La sortie des podcasts ne l’en a pas dissuadé. Aux beaux jours de la fin du printemps, elle monte au neuvième étage de la Maison de la radio, d’où l’on jouit d’une magnifique vue sur Paris.

C’est là que se trouve le bureau d’Anne-Julie Bémont, chargée des éditions Radio France qui transforment en livres les chroniques et émissions des différentes antennes de la « Maison ».

Ils s’épanouissent bien souvent en succès éditoriaux qui démontrent, une fois de plus, surtout à ceux qui ne veulent pas l’entendre, l’efficacité, la richesse et l’intelligence incomparable de Radio France, trésor négligemment jeté sur l’autel du cynisme et de l’opportunisme politique. Passons…

Cliquez sur la couverture pour feuilleter les premières pages.

 

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« Ses gestes me faisaient penser à la grâce d’un oiseau », se souvient Anne-Julie en écoutant Clémentine lui parler de son projet. Elle est séduite par l’idée. Rendez-vous est pris après l’été, quand Clémentine reprendra le travail. Ce jour ne viendra jamais. En lieu et place, elle est à nouveau hospitalisée et le note avec amertume.

L’automne passe ainsi que l’on sait, et au troisième jour de l’hiver, Clémentine s’en va. Le livre semble enterré avec sa belle autrice. Mais pas pour tout le monde.

Au début de l’année 2024, Anne-julie Bémont reçoit un petit codicille autour de la table ronde de son bureau, toujours encombrée de livres. Elle se heurte à l’incrédulité : pourquoi faire un livre alors que le podcast existe ? Ne va-t-on pas prêter le flanc à l’accusation d’exploiter un « filon » ? Et puis que dire de plus ? Elle n’est plus là pour ajouter de nouveaux éléments.

Les journalistes ont une bonne compréhension de l’enchaînement des événements, mais bien souvent un temps de retard à bien en saisir l’écho. Et un temps de retard, c’est déjà trop tard : le train « d’actu » suivant entre en gare. Heureusement, la littérature est là, qui, elle, ne court pas. Et prépare ses flèches en archer zen.

La flèche en question se plante entre les yeux des sceptiques sous la forme brute d’une transcription d’extrait du podcast. Quelques feuilles A4 avec des passages surlignés en couleur. On y lit ce qu’on sait déjà : le premier scanner, l’angoisse. Ca finira par une mauvaise nouvelle. On le sait, on l’a vécu, la scène nous a été racontée avec force détails et on l’a de surcroit écouté enregistrée. Et pourtant…

A la lecture des premières lignes, malgré la certitude en béton des faits, on se prend à espérer que les choses ne vont pas se terminer comme on sait qu’elles se terminent. La sorcellerie opère : le livre est là, sous nos yeux. Il l’a toujours été ; Clémentine l’a toujours su. Et n’avait-elle pas coutume de glisser sur un air de provocation qu’elle avait toujours raison ?

« La sorcellerie opère : le livre est là, sous nos yeux. Il l’a toujours été ; Clémentine l’a toujours su. »

Une fois encore, la radio soutient le projet, elle qui a rendu hommage à sa jeune étoile et baptisé à son nom le studio de Franceinfo où elle a enregistré les vidéos de promotion des podcasts. Clémentine voulait « laisser une trace ». Elle en aura laissé plusieurs, disséminées ici et là. D’autres traces encore par ses textes. Avant de faire bifurquer le projet vers un podcast, elle avait écrit. Et ces textes seront publiés. Il faut les retrouver.

On les cherche, sur les PC, téléphone, tablette… et on en trouve d’autres. Elle n’avait prévenu personne mais le soir, dans le silence d’une chambre d’hôpital, quand elle en avait la force, elle écrivait : le livre était toujours là. Ces textes tardifs sont sombres et en prise direct avec un esprit qui chavire, qui comprend que la mort regarde dans sa direction. La distance de la voix, l’humour et le sourire parfois ne sont pas invités. Ces textes inattendus, puissants, il faut plusieurs jours pour en remonter. Ce qu’elle gardait en tête, caché… La voix peut-elle tout porter ? La réponse est non. Certains ressentis gonflent à tel point qu’ils paralysent la langue et que les mots coulent plus bas, dans la main.

Une fois encore, Samuel Aslanoff, le compagnon de confiance est là. Il connaît chaque inflexion. A lui de réaliser ce travail de haute couture consistant à tisser une étoffe unique avec deux matières : une écrite, une parlée, sans déformer ni ajouter. La mission est : pas un mot qui ne soit d’elle. Il l’accepte avec sa discrétion et sa détermination, qui n’a d’égale que celle de sa co-autrice.

Deux éditeurs se portent volontaires pour publier ce journal réincarné. A l’issue de rencontres autour d’une table de réunion aux dimensions poutiniennes, le Seuil l’emporte. Son éditeur, Bernard Comment, également homme de radio, a su saisir les multiples facettes du texte, à la fois témoignage, comme l’est le podcast, mais aussi œuvre littéraire, « un ovni comme on n’en reverra pas ».

Le journal de Clémentine est paru le 4 octobre 2024 aux éditions du Seuil. L’intégralité des droits d’auteurs perçus pour chaque achat alimente le Fonds Clémentine Vergnaud contre le cholangiocarcinome.

​Pour se procurer « Le Journal de Clémentine » :